La Vérité sur Rocambole by Pierre Alexis Ponson du Terrail

La Vérité sur Rocambole by Pierre Alexis Ponson du Terrail

Auteur:Pierre Alexis Ponson du Terrail [du Terrail, Pierre Alexis Ponson]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romans, Policier & Mystère
Éditeur: Ebooks libres et gratuits
Publié: 2012-09-22T00:20:31+00:00


XIII

Qui donc pouvait m’écrire à Brest ?

La lettre ne venait point par la poste, elle avait été apportée par un commissionnaire.

Ce commissionnaire l’avait jetée sur la table du bureau et s’était retiré sans mot dire.

L’écriture de la suscription m’était inconnue, l’enveloppe était d’un papier commun et grisâtre.

Je l’ouvris.

« Monsieur, me disait-on, Rocambole désire vous voir, il se fie à votre loyauté, attendez-le ce soir à onze heures, dans votre chambre, et prévenez qu’on laisse monter. »

Je tendis la lettre à Énault.

Il la lut et haussa les épaules.

– Mon bon ami, me disait-il, tu es la victime d’une jolie mystification.

– Plaît-il ?

– Sans doute, comment veux-tu que Rocambole vienne ici ? au coup de canon les forçats sont réintégrés dans le bagne et il n’en reste plus un seul dans les rues de Brest.

– Peut-être s’est-il évadé.

– Non, je crois le contraire, moi.

– Voyons ?

– Tu as parlé de ce forçat introuvable, presque fantastique, au café de la Marine. Il y avait là plusieurs jeunes officiers, des aspirants moqueurs, des enseignes enchantés de se moquer d’un Parisien naïf.

– Eh bien ?

– On va t’envoyer tout à l’heure un Rocambole de convention.

– Je reconnaîtrai bien le vrai, sois tranquille.

– Pour cela, il faudrait que tu l’eusses vu…

– Mais je l’ai vu !

– Où ? quand ? et comment ?

– Puisque je t’affirme que c’est le Cent-dix-sept.

– Tarare ! murmura Énault, je crois bien que tu deviens fou.

Et il prit possession de sa chambre, me laissait fumer un cigare à ma fenêtre.

Onze heures n’étaient pas loin ; la rue de Siam, presque déserte, était éclairée par la pleine lune qui brillait au ciel de tout son éclat.

Chaque fois qu’un rare passant remontait la rue j’avais un battement de cœur.

Mais le passant s’éloignait, et j’en étais pour mes frais d’émotion.

Enfin onze heures sonnèrent aux horloges voisines.

Il n’y avait plus personne dans la rue.

Tout à coup j’entendis un bruit de voiture, et je vis apparaître deux lanternes au coin de la rue de la Mairie.

À Brest, les fiacres sont rares, les équipages de maître le sont plus encore.

À part le sous-préfet et quelques hauts fonctionnaires, deux ou trois armateurs retirés et une douzaine de propriétaires, personne n’a de voiture.

Aussi, en été surtout, passé dix heures du soir, les piétons n’ont pas à craindre d’être écrasés.

La voiture qui tournait la rue de la Mairie était une voiture de maître ; cela se voyait aisément à ses grandes lanternes blanches munies de bougies.

Mais elle ne fixa mon attention que médiocrement, attendu que je ne pouvais pas supposer que Rocambole viendrait en voiture.

Cependant mon émotion et mon anxiété me reprirent, lorsque je vis l’équipage entrer dans la rue de Siam et venir s’arrêter à la porte de l’hôtel.

Un homme en descendit.

Il était enveloppé dans un caban qui, au jour, devait être bleu d’ordonnance, et sur les manches duquel la lune fit étinceler des broderies.

Décidément ce n’était pas, ce ne pouvait être Rocambole.

J’attendis encore.

Mais il n’y avait pas cinq minutes que la porte cochère de l’hôtel s’était refermée sur l’homme au caban qu’on frappa deux coups discrets à la mienne.



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